La liseuse
La liseuse
D'après un tableau de Lefèvre.
A Gabrielle S.
Dans le bois odorant où l'été se recueille,
Sur la pierre moussue et fraîche du vieux banc,
Elle lit, grave et tendre et suave, l'enfant,
Et son ovale pur s'éclaire sous les feuilles.
Un liseron fleurit à ses cheveux châtains,
Doux cheveux lumineux autour du fin visage,
Qui viennent, fugitifs, se glisser sur la page
Où les yeux trop songeurs demeurent incertains.
Car ce livre, on le sent, elle le lit, distraite,
Et regarde là-bas, vers un rêve infini,
Rêve d'amour, appel à sa jeune âme en quête,
Et tout le printemps vibre et chante autour de lui.
Et le livre qui dit le secret de la vie,
L'enfant l'apprend tout bas de l'heure épanouie.
Le chemin solitaire, 1908.