Blanche Sahuqué

Au piano

Au piano

 

Taisons-nous. Les mots sont trop lourds

Et vont effaroucher les rêves...

Seule, la note exquise achève 

Ce que mumure en vain l'amour.

 

Les caprices de la pensée,

Les coins inexpliqués du coeur,

Et la torturante douceur

De l'accord sur l'âme pâmée.

 

Et ce sont les vagues confins

Où l'on perd pied dans l'impossible,

Mystère de l'inaccessible

Où tendent nos désirs sans fin!

 

Tu nous révèles l'ineffable,

O musique au front dans le ciel!

Tu tiens le poème éternel

Au fond des notes innombrables.

 

Ces notes - sans vie ni couleur, -

Sous le souffle ardent du génie,

Deviennent les cris de folie

Où saigne et halète le coeur.

 

On dirait de brûlantes âmes

Que la passion fait mourir;

Des voix qui semblent défaillir

Pour renaître en nouvelles flammes.

 

Et tout le soleil de l'été,

La forêt, les vagues sonores,

Dans ce soir d'hiver vont éclore

Parmi les beaux accords jetés.

 

Pages Posthumes, 1913



11/03/2013
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour