Combat
Combat
Sous d'obsédants bonheurs, mon âme refleurie,
S'engourdit, épuisée, au lourd soleil d'amour,
Sieste ardente et folle où l'on berce sa vie,
Où le rêve se pâme, étreinte de velours.
Ma pensée est murée en une étrange joie,
Faite d'oubli brûlant, de désirs reflétés,
De passion fondue en regards murmurés,
Caresse au creux de l'âme où chaque mot se noie.
Et ma pensée est ivre et je la sens me fuir,
Comme un doux feu-follet où le regard s'attarde,
Tandis que, l'oeil vainqueur, mon amour me regarde.
Lequel est le meilleur, de penser ou sentir?
Et pourquoi tour à tour, en nos âmes bâtardes,
La matière et l'esprit nous font-ils tant souffrir?
Le chemin solitaire; 1908.