Devant un portrait
Devant un portrait
Dans la pénombre où flotte en le jour recueilli
Comme un mystère ambiant de grâce surannée,
Deux yeux bleus d'insondable et perfide pensée
Obsèdent mon regard de leur songe meurtri.
Immobile et lointaine est la beauté rebelle,
Le front hautain se barre en lourde floraison...
Je cherche à deviner, amour ou trahison,
Tous les secrets épars aux ardentes prunelles.
Quel frisson, quel appel, quel morbide désir
Mit cette ultime fièvre aux sombres violettes?
Fut-ce peine d'amour impossible à guérir?
Ou, blême, défaillante aux affres du plaisir,
Le remords y mit-il ces lueurs inquiètes?
Dans le passé profond, elles restent muettes.
Et leur intime émoi hante mon souvenir.
Le chemin solitaire, 1907.