Pianissimo
Pianissimo
Des mots d'or, tendrement, glissent dans le silence,
Comme un effeuillement d'âme dans l'infini;
Le soir tiédit, subtil, le boudoir recueilli,
Les roses, mollement, meurent sur la crédence.
Son éventail module un vague adagio,
Et semble, nonchalant, un oiseau diaphane;
Du fin profil suave, une langueur émane,
Mes doigts rêveurs ont dit l'amour, au piano...
Et Schumann à ses yeux met sa mélancolie,
Les mots d'or murmurés ne se finissent pas,
Moi, je bois sa beauté, par le rêve pâlie.
Dans les coupes, les fleurs versent leurs parfums las,
Et c'est comme une lente et suave agonie,
Où le coeur se dissout en défaillant, tout bas.
Le chemin solitaire, 1908.