Au poète
Au poète
Que t'importent tous ceux qui vont dans la poussière
Chercher un mot banal à l'enigme sans nom?
Sous leurs lambeaux dorés ils ternissent leur front
En croyant y poser le laurier de lumière.
Pour entendre la voix que leurs cris couvriront
Sauve-toi. prends, ce soir, le chemin solitaire,
Tu verras l'Infini descendre en aube claire
Sur ton coeur étouffé par le morne horizon.
Là, le dieu parlera. Tu saisiras des choses
Le sens subtil et fort ignoré des humains,
Tu n'escompteras plus le prix des lendemains.
Et ton esprit plus haut, murant tes lèvres closes,
Affranchi de l'amour, de la vie et du temps,
Dira dans des vers purs ses mystiques printemps.
Le chemin solitaire, 1908.