L'empreinte
L'empreinte
Tous les songes vécus demeurent aux prunelles:
Elles gardent au fond de leurs troubles lueurs
Les frissons de l'amour, l'âpre infini des pleurs,
Ardente éclosion de fleurs surnaturelles.
Chacun veut en fouiller les secrètes langueurs,
Chacun veut y puiser les angoisses mortelles...
Impudiques miroirs, voix immatérielles,
Prunelles, qui narrez d'insondables bonheurs,
Vous ouvrez sur les coeurs, vous ouvrez sur la vie,
Les portes de notre âme et celles du Passé;
Et, si profondément que semblent endormies
L'ivresse ou la douleur que tout a effacé,
Vous gardez aux remous de vos ondes changeantes
La blessure éternelle et les flammes vivantes.
Le chemin solitaire, 1908.