A une voix de femme
A une voix de femme
Voix d'or, voix de délice et de songe formée,
Caresse sur nos coeurs qui dit les souvenirs,
Evocatrice ardente et trouble du désir,
Ton emprise est sur nous une ivresse innommée.
Tous les secrets du ciel tremblent dans tes soupirs:
Les appels, les frissons, les tendresse noyées,
Les modulations de peine murmurées,
Tu les mets en un son qui râle et fait pâlir;
En son voluptueux qui vous baise sur l'âme,
En tragique sanglot qui monte, surhumain,
Et vibre sur les nerfs comme un choc souverain,
Dit d'un timbre éperdu la détresse ou la flamme.
Et dans la voix sereine et douce comme l'or,
Tous les chants du matin se retrouvent encor.
Le chemin solitaire, 1908.
