L'ermite
L'ermite
Calme, désabusé. Dans sa face sereine,
Songent paisiblement deux yeux pâles et las;
Ils racontent, ces yeux, les épuisants combats
Où la vie a vaincu son courage et sa peine.
Il vit là, maintenant, sans plaisir et sans haine,
Dans le jardin discret où se comptent ses pas,
Attendant le front haut celle qui ne ment pas,
La berceuse infinie et qui rompt notre chaîne.
Chaque automne le voit semblable à l'an dernier,
Sa vieillesse neigeuse âprement se défeuille,
Et le livre qu'il lit, il le sait tout entier.
Chaque printemps, il croit partir et se recueille,
Mais l'ironique main qui fauche l'être aimé
Condamne à vivre encor le vieillard oublié.
Clartés, 1907.