Affinement
Affinement
Tout ce qui vibre en moi se résout en souffrance,
L'Idéal torturant qui brule sous mon front,
L'Amour et ses espoirs que les ans flétriront,
Et l'Art inaccessible et ses divines transes.
Tout m'oppresse et m'accable en un tourment divers,
La beauté, le contour d'un corps ou d'un nuage,
Le rêve contenu dans l'éclair d'un visage,
Ou les mots d'or vivants au creuset des beaux vers.
Je suis comme un archer douloureux dans la vie,
Un soir d'été trop beau m'émeut comme un amour,
Un bonheur trop fougueux m'épouvante et je prie.
Ainsi, tous les frissons éprouvés chaque jour
En étreignant mon coeur en deviennent la proie,
Mais ce chagrin subtil est encor de la joie.
Le chemin solitaire, 1908.