Les Sibylles de Raphaël
Les Sibylles de Raphaël
Au-dessus de nos jours, prêtresses recueillies,
Leurs beaux bras enlacés que Raphaël noua,
Debout, vers l'avenir, évoquant l'au-delà,
Elles sondent l'espace en un regard qui prie.
De leurs doigts surhumains, elles tracent la vie,
Un ange grave et pur leur tend le parchemin,
Et le geste immuable où s'inscrit le Destin
Fixe à jamais l'essor d'une âme de génie.
Le divin Raphaël, contemplatif poète,
Hors du réel, jeté par l'élan de son coeur,
Epure à l'infini quelque angoisse secrète.
Mystique, il met au groupe étroit des chastes soeurs,
Aux yeux, aux fronts pensifs, aux formes frémissantes,
L'idéal révélé du songe qui le hante.
Le chemin solitaire, 1908