Travail
Travail
Autour de toi s'émeut et halète la vie,
Les jours passent, chargés de larmes ou de chants,
Mais au banal festin tu détobes tes ans
Et gardes à ton art ta jeunesse fleurie.
Un mur étroit t'enserre et borne tes tourments,
Mais ton oeil de poète y sème des fééries,
Et, tandis que l'orgie avive ses folies
Toi, de tes pinceaux purs, tu évoques les champs.
Et, travailleur pensif, ignorant la blonde Eve,
Amoureux des couleurs, des formes, des lointains,
Tu peins, d'un coeur naïf, de radieux matins.
Et, dans les humbles murs où ton talent se lève,
On voit, sous un ciel fin gris de perle et d'argent,
Dans les bois vaporeux, pleins de reflets changeants,
Des nymphes s'enlacer pour la ronde de rêve.
Le chemin solitaire, 1908.