Vision
Vision
Quand Jésus, doux prophète, eut semé sur la terre
Sa parole divine, ainsi qu’un froment pur,
Il vit, soudaint pensif, le poème futur
Qui devait s’attacher à son nom légendaire.
Triste, il pensa que l’homme était un être impur,
Epris de merveilleux grossier et de mystère,
Pour mettre à la beauté de sa doctrine claire
Un travestissement de miracles obscurs.
L’Amour, toute sa loi; le Pardon qui console,
La Justice émergeant de chaque parabole,
C’était tout l’avenir et l’idéal humain.
Mais Jésus aperçut, dans la brume des âges,
La discorde en son nom et la lutte sauvage
Où la Haine et la Foi s’entretueraient demain.
La chemin solitaire. 1908