Un fort
Un fort
L'indomptable destin allume ses prunelles;
L'énergie et l'orgueil au masque impérieux
Mettent au dur profil l'auréole des dieux,
L'éclair mâle qui cingle et dompte les rebelles.
Il paraît, et soudain l'univers est à lui.
Comme un remous profond, sa force halète et gronde,
Et c'est le conquérant qui soulève le monde,
Ou l'apôtre fougueux qui délivre l'esprit.
Son corps frêle et nerveux grandit de cent coudées,
Car ce n'est pas de chair qu'est fait l'ardent pouvoir
De qui sent frissonner et plier des armées,
Et qui fait du martyre un sublime devoir;
C'est un feu dévorant qui consume ses moëlles,
Et met, tragique et fier, son front dans les étoiles.
Le chemin solitaire, 1908