Flambeau d'argent
Flambeau d'argent
Le grand flambeau d'argent où deux femmes s'enlacent
En un enroulement souple et voluptueux,
Où la cire, en brûlant, le long des soirs heureux
Tombe en gouttes d'amour sur les heures qui passent;
Le grand flambeau d'argent irradie à la nuit
L'immortelle Beauté qu'y cisela l'artiste,
Il mit, tendre poète, un rêve qui persiste,
Au beau bras qui s'élance, au doux torse qui fuit.
Et le geste est si pur, la grâce si lassée,
Le métal sinueux étreint si bien ces corps,
Qu'un souffle ardent parait les oppresser encor...
Et, moi-même, alangui de la longue veillée,
Je pose un oeil troublé sur le groupe qui dort,
Nostalgique regret de leur forme adorée.
Le chemin solitaire, 1908.