L'heure des nymphes
L'heure des nymphes
La lune pâle estompe et baigne la clairière,
Le bois proche est tout plein de sons mystérieux;
Le soir se fait lascif et c'est l'heure où les dieux
Dispensent le plaisir aux couples en prière.
La lisière du bois s'éclaire, car un vol
De nymphes en bouquet glissent et s'entrelacent,
Guirlandes de bras nus, pas souples de la Grâce,
Elles rythment leur danse au chant du rossignol.
Et les voiles légers mêlent aux chevelures
Les effluves du soir, des chairs et du printemps;
L'Amour a suspendu aux épaules du Temps
Les flèches du poison où dorment les luxures.
Car le faune qui rit sous le flot argenté
D'un lubrique sourire et ses pipeaux aux lèvres,
Joue éternellement, appuyé à ses chèvres,
Sur son socle de marbre où s'apaisent des fièvres:
Et les nymphes du soir n'ont rien à redouter.