Vase d'argile
Vase d'argile
Ses anses, dont la courbe enroule deux sirènes,
Sont d'une grâce antique et d'un contour savant;
Son flanc met en relief un cortège troublant
De prêtresses d'antan et de muses lointaines.
On les voit s'avancer - harmonieuse chaîne -
Leur nudité caresse un voile transparent:
L'une apporte à Vénus sa beauté, doux présent,
Son front pur couronné d'iris et de verveine.
L'autre tend une torche enflammée à l'autel
Où l'amour rit, narquois, des caresses prochaines,
Et reçoit deux par deux les serments éternels.
Des nymphes, en dansant, enguirlandent la plaine,
Des joueuses de flûtes égrènent leur appel,
Et l'argile rougie évoque les Hellènes.
Le chemin solitaire, 1908.