Après une lecture sur Cléopâtre
Après une lecture sur Cléopâtre
Qu'on la nomme à genoux, l'immortelle Lagide,
Que, du passé, se dresse, à ce nom prestigieux,
La despotique amante aux amours fastueux,
Belle de voluptés et de grâce languide,
Son sillage ébloui laisse en nos troubles yeux
Toute la Femme, immense, en son pouvoir morbide,
Et c'est par un symbole ardent que l'âme avide
S'éprend, dans le lointain, du masque impérieux.
Divine par le coeur et par les sens perfide,
La Femme entière est là, enjoleuse et splendide,
Au mirage du nom que l'Histoire a chanté.
Reine ou simple amoureuse, elle est toujours l'Idole,
Son pouvoir souverain est sa seule beauté,
Et le désir la ceint de la même auréole.
Le chemin solitaire, 1908.