La plainte d'Arcys
La plainte d’Arcis
Dans l’enchantement sombre et propice du bois
S’élève un chant plaintif de flûte ou de hautbois;
Les merles étonnés se taisent sur les branches,
Et la douceur de l’air fait ouvrir les pervenches.
C’est le berger Arcis qui, sur un ton mineur,
Soupire en purs accents la flamme de son coeur.
Deux nymphes, tendrement, accourent enlacées,
Pour deviner à qui la plainte est adressée,
Et dans leurs yeux songeurs s’éveille un lent émoi
A cette mélodie éparse au fond des bois,
Mais le berger se cache au creux moussu d’un chêne,
Et l’on dirait de Pan la fugitive haleine
Modulant à travers les branches des roseaux
Un frissonnant appel à Vénus, fleur des Eaux.
Le chemin solitaire, 1908.