Douleur
Douleur
Elle est le battement implacable du monde,
Le dernier mot de tout;
La rançon du bonheur et l'ivresse profonde
Des pleurs à deux genoux.
Elle est l'affre qui tord et le feu qui consume;
Sa nostalgique voix
Résonne autour du monde en réseau d'amertume
Et jusqu'au fond des bois.
Porté par mille accents, l'écho de nos détresses,
Vers Dieu semble un appel...
Haines, désirs, rancoeurs, impossibles tendresses,
Regrets universels.
Vous exaltez nos coeurs, ô héroïques plaintes,
Et vous tordez nos bras,
Dans l'amour et la mort, ............................
Qui se parlent tout bas.
Douleur des yeux croisés et des bouches menteuses
Qui, sous les longs soupirs,
Etreignant la beauté des nuits voluptueuses
Pensent qu'il faut mourir!
Douleur! ô mal de vivre et néant des délices,
Clameurs, mots éperdus...
Seuls, les morts apaisés, sous le printemps propice,
Ne vous murmurent plus.
Pages posthumes, 1913