Les Passions
Les Passions
Toutes, vous accourez, bacchantes, impudiques,
De l'ardeur et du sang, visages frénétiques!
Vous êtes, sous l'azur, les folles qui dansez,
En clamant votre ivresse et les yeux révulsés!
Tenant l'amour, l'espoir, tous les désirs du monde,
Roulés à votre jupe entr'ouverte et féconde!
Passions! beaux sanglots qui soulevez nos coeurs!
Emouvante union des suhumains bonheurs;
Quand le Temps semble avoir suspendu ses deux ailes
Pour voir l'accord divin des heures éternelles!
Passion! Passion! ô mélodie en nous!
Symphonie où l'intense épouse le plus doux,
Où l'exaltation lance, en belles fanfares,
Les chants du coeur vermeil lorsque l'amour l'égare.
Chant pourpre, ensoleillé du frénétique émoi!
Chant plaintif de tendresse au langoureux hautbois!
Chant majeur de victoire après l'ardente lutte,
Chant mineur du regret que soupire la flûte!
Passions! tour à tour, douleur ou volupté!
Cri du coeur en tempête à la côte jeté!
Long tourment qui prenez la face aux mille flammes,
O beau masque exalté par ma houle des âmes!...
Vous êtes dans la chaîne obscure de nos jours,
Le flambeau étoilé du pathétique amour!