Blanche Sahuqué

Heure violente

Heure violente

 

Mon coeur se couvre et se déchire

Comme un ciel d'orage et de feu...

Le vent du sud est dans mes yeux

Où s'accumule un sourd délire.

 

La chaude voix de la forêt,

Qu'un vent brûlant tord et secoue,

Est moins ardente que ma joue

Sous le poids de mon lourd secret.

 

Et la mer qui gronde et se pâme,

Au loin, sous l'étreinte du vent

Est moins rude que mon tourment

Et moins houleuse que mon âme!

 

Car la douleur qui monte en moi

Où s'amoncelle tout l'orage,

Est faite de tous les émois

Qui passent à travers les âges.

 

Regrets, désirs inassouvis,

Plainte universelle et profonde,

Je vous sens qui tordez le monde

Comme le vent mon frêle abri!

 

Et votre rumeur douloureuse

S'augmente du ciel en courroux,

De mes souvenirs à genoux

Devant des ombres amoureuses...

 

 

 



20/10/2013
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