Heure violente
Heure violente
Mon coeur se couvre et se déchire
Comme un ciel d'orage et de feu...
Le vent du sud est dans mes yeux
Où s'accumule un sourd délire.
La chaude voix de la forêt,
Qu'un vent brûlant tord et secoue,
Est moins ardente que ma joue
Sous le poids de mon lourd secret.
Et la mer qui gronde et se pâme,
Au loin, sous l'étreinte du vent
Est moins rude que mon tourment
Et moins houleuse que mon âme!
Car la douleur qui monte en moi
Où s'amoncelle tout l'orage,
Est faite de tous les émois
Qui passent à travers les âges.
Regrets, désirs inassouvis,
Plainte universelle et profonde,
Je vous sens qui tordez le monde
Comme le vent mon frêle abri!
Et votre rumeur douloureuse
S'augmente du ciel en courroux,
De mes souvenirs à genoux
Devant des ombres amoureuses...