Blanche Sahuqué

Vivre

Vivre

 

Vivre! tresser les jours en ardente couronne,

Ecouter sur son coeur le monde qui frissonne.

 

Mettre en faisceau vermeil la joie et la douleur;

Atteindre les confins de l'ultime bonheur.

 

Croire épuiser le fond des grandes amertumes

Et devenir naïf devant un toit qui fume!

 

Etre petit ou grand, suivant l'heure et le lieu,

Se sentir, tour à tour, un enfant ou un dieu!

 

Goûter éperduement à toutes les ivresses,

Pleurer devant la mer et chérir sa détresse;

 

Sentir son coeur gonflé comme un fruit éclaté.

Sangloter dans les bras de l'âpre volupté!

 

Se pencher sur le bord des choses éternelles,

Se sauver dans l'amour en refermant ses ailes!

 

Etre subtil et doux, être fort, être vif

Se sentir ballotté comme un petit esquif.

 

S'en aller dans le vent et la fougue des plages

Comme une algue emportée à la rive des âges!

 

Souffrir, et rechercher le creuset des douleurs,

Comme un plus haut motif de s'élargir le coeur!

 

Puis, étreindre la joie éperdue et farouche

Comme un fruit savoureux qu'on presse sur sa bouche.

 

O vie! enchantement! ivresse de sentir

Contre son coeur ardent le mirage à venir!

 

Adorer la Beauté qui fait que toute chose

Se soulève et s'émeut et se métamorphose!

 

Savoir que nos doux yeux se voileront un jour

Et rire insouciants aux lèvres de l'Amour!

 

Etre un peu du grand Tout. Sentir que dans l'espace

Notre âme est un point clair qui brille et qui s'efface,

 

Qu'on est un peu du ciel, du soleil et du temps,

Un atome qui vibre et fleurit au printemps.

 

Et que tous nos transports, nos désirs et nos peines

Sont la maille au chaînon de l'invisible chaîne!



16/09/2013
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