Aux poètes morts
Aux poètes morts
Si vous voulez, mes dieux, mes poètes anciens,
Je viendrai vous chérir en ce lieu solitaire...
En mêlant vos mots d'or et le soir de mystère,
Je sentirai vos coeurs se fondre dans le mien.
Ce sera vers la fin d'une belle journée,
L'accord sera sublime entre le ciel et vous,
On entendra passer un murmure très doux,
Ce seront, dans le vent, vos divines pensées.
Quelque chose de chaud, de vivant, d'éternel
Ira des vers anciens à la plage sonore,
Et votre âme sera là, palpitante encore,
Et jeune comme l'eau, le soleil et le ciel.
Et la fuite des jours, de la beauté des heures,
Les vers Lamartiniens les chanteront toujours...
En ce soir romantique, ils diront des amours
Qui rendent immortels les poètes qui meurent.
Oh! ce sera si beau ce coin de ciel et vous!
Et ces deux infinis, la mer et vos pensées,
Que mon âme et la vôtre y seront enlacées
D'un accord plus étroit, plus subtil et plus doux
Que n'étaient vos baisers aux lèvres trépassées.
Pages posthumes, 1913