Poète florentin
Poète florentin
D'après un tableau de Cabanel
Sous le ciel lumineux que dore l'heure heureuse,
Les amandiers en fleur parfumant le bois frais,
Sur le long banc de marbre ombragé des cyprès,
Le Poète, aux amis, dit l'ode précieuse.
Sa main fine est levée et semble contenir
Le mot rare et divin que sa lèvre murmure;
Il dit l'amour furtif, l'éternelle blessure
De la vie, et le leurre étrange du plaisir.
Et tandis que son oeil plein de mélancolie,
A travers les beaux vers suit un rêve défunt,
Les jeunes florentins, savourant à l'envi
L'ivresse de leurs jours, sans regret importun,
Se bercent à la voix fragile et charmeresse,
Cependant que l'und'eux sourit à sa maîtresse.
Le chemin solitaire, 1908.