A une grecque
A une Grecque
Belle fille indolente et souple et langoureuse,
Bel animal humain au front vide et serein,
Qui fait jaillir ta gorge et se cambrer tes reins
Sans vice et sans pudeur, pour te sentir heureuse.
Le ciel grec a doré ta peau comme un fruit mûr,
La soie rouge enroulée à ta divine tête,
Sous la pourpre du soir, met le soleil en fête
Et rend ton corps laiteux plus troublant et plus pur.
Tu ignores l'amour qui torture et qui leurre,
Tu ris dans la nature à tes amants d'une heure,
Et tes baisers sont doux et ne font pas mourir.
Ah! reste ainsi et calme et dévêtue,
Pour que l'artiste trouve en ta poitrine nue
Tout son motif de vivre et d'aremment souffrir,
Par ta ligne immuable et pâle sous la nue.
Pages posthumes, 1913