Fin de journée
Fin de journée
La forêt ondule et frissonne,
Etreinte par le vent de mer;
Des bergeronnettes dans l'air
Glissent sous le ciel qui moutonne.
C'est un soir d'automne en courroux,
Une fin de jour agressive,
Où la forêt, tendre et plaintive,
Et violée de rayons roux;
Où des nuages vont et viennent,
Poussés, chevauchés par le vent.
Tout semble amer, blessé, mouvant,
La mer dit des peines anciennes.
On dirait qu'on livre un combat
Ou qu'on débat des destinées,
Toute la fougue de l'année
Semble amassée en ce ciel bas.
Et dans mon âme impétueuse
Où roulent des pensers épars,
Je songe à quelque ancien départ
Où pleureraient des voix menteuses;
Je songe à des bonheurs défunts,
A toutes choses en allées,
Aux tristesses inexprimées,
A l'oubli qui reste à chacun.
Et mon coeur troublé bat des ailes,
Soulevé par tout ce qui fuit...
Tel le soleil vers l'âpre nuit
Sanglote en rouges étincelles.
Le chemin solitaire, 1908.