Fleurs perverses
Fleurs perverses
Du col mièvre, opalin, effilé comme un cygne,
Emerge fièrement l'iris impérial,
Iris noir, fleur d'abîme, exotique, infernal,
Allie à l'orchidée une macabre ligne.
Et l'orchidée étrange est d'amoureuse chair,
Sa nacre palpitante et de grâce ambigüe,
Appelle le baiser d'une manière aigüe,
Baiser morbide, fou, comme un songe à l'éther.
Et ce couple de fleurs m'obsède, me tourmente:
L'orchidée et sa chair de plaisir vénéneux,
L'iris sombre, hautain, la face inquiétante.
Et dans l'ombre, où j'épuise un sommeil fiévreux,
J'y vois, s'offrant, lascive, impudique et troublante,
La Femme, en fleur de joie au Désir ténébreux.
Le chemin solitaire, 1908