Sursum
Sursum
Si tu veux moduler sur ton rêve vivant
Un thème où vibreront toutes tes convoitises,
Demande au pur dessin les suaves hantises
De la ligne, éternel et sublime tourment.
Que tu peignes la chair ou sculptes, frémissant,
Le profil affiné que ton art divinise,
Que fixant un beau corps sous tes tes doigts tout-puissants,
Vois toujours, audelà de la forme palpable,
L'infini douloureux que contient la beauté;
Savoure, sans faiblir, l'amère volupté
Du contour ébloui sur l'âme inapaisable!
Mets ton désir plus haut que le désir humain,
Et de ton coeur troublé fais un autel divin.
La chemin solitaire, 1908.