La maison du bonheur
La maison du bonheur
Lumineuse et riante et de pampre couverte,
Mettant sur le ciel bleu sa tache blanche et verte,
Elle évoque un doux coin de tendresse et de paix
Avec ses volets clairs, ses feuillages épais,
Ses prés en fleur pencants vers la mer murmurante,
Et son nom cher donné par des lèvres d'amante.
Là, le soleil ne luit que pour des jours légers;
En mars, les amandiers commencent à neiger,
En avril, les nids blonds emplissent les ramures,
Et tout l'été lui met une tendre parure
De fleurs et de rayons, de parfums et d'oiseaux,
De zéphyrs modulant la plainte des roseaux
Ou chantant de la mer la chanson sans égale,
Tandis que dans les pins bruissent les cigales,
Et la vie est remplie à toutes ces beautés,
Remplie et fugitive, en rires et clartés...
Parfois, sur la mer bleue, il surgit une voile
Qu'on sait jusqu'au lever des premières étoiles,
Puis, sous l'ardente nuit, la maison du bonheur
Mieux enco qu'au soleil sent palpiter son coeur.
Le chemin solitaire, 1908