Nocturne
Nocturne
Sur le fauve satin couraient des chrysanthèmes,
Et sa blondeur soyeuse y prenait, dans le soir,
Un air de grande fleur, au somptueux pouvoir,
Qui ne s'épanouit que dans les nuits suprêmes.
Des salles du palais, les échos du concert
Nous arrivaient, lointains, en ondes alanguies,
Comme un souffle énervant prometteur de folies,
Et notre amour grondait en nous comme la mer.
Les jasmins exhalaient leur parfum dans nos moëlles,
Ses yeux, où s'allumaient d'irritantes étoiles,
Irradiaient sur moi leur mortelle splendeur.
Et sous le tendre ciel où mouraient des nuées,
Dans ses pâles satins et ses blondeurs pâmées,
Je cueillais, ébloui, la somptueuse fleur.
Le chemin solitaire, 1908.