Orage
Orage
Sur le ciel tourmenté, mon âme s'échevèle,
Roule en spires sans fin des méandres obscurs.
L'ouragan a, d'un doigt trouble, éveillé l'être impur
Et je rêve un sabbat dans le vent et la grêle.
Un sabbat où, dans le spasme des éléments,
La tourbe des désirs et l'ivresse des haines
Grondent en flamboyant sur les cimes hautaines
Et mêlent aux éclairs de tragiques tourments;
Où la fureur d'amour, en l'âme convulsée,
Epuise la tempête aux grands arbres tremblants,
Soit le souffle éperdu qui râle en la nuée...
Jusqu'à ce que l'Aurore aux regards pâlissants
Calme de son doigt pur l'ivresse déchaînée
Et verse au coeur des lys les parfums apaisants.
Le chemin solitaire, 1908.