Tous les désirs sont clos...
Tous les désirs sont clos...
Tous les désirs sont clos et le monde agonise,
En un râle poussif d’impuissance et d’ennui,
L’art bégayant titube et le ciel obscurci
Ne verse plus de flamme à notre âme indécise.
Seul l’amour épuisé nous montre le chemin,
De son doigt de lumière et le front dans la nue,
Mais nos coeurs, torturés par le doute qui ture,
Blasphèment son pouvoir qu’ils pleureront demain.
Et le fruit d’or pourrit au bel arbre de Vie,
Le mal a gangrené les printemps d’autrefois,
Les âmes sont fanées et la terre vieillie...
Quel dieu, rajeunissant les ultimes émois,
Fera jaillir l’eau vive à la source tarie,
Et vibrer dans la nuit la prophétique voix?
Le chemin solitaire, 1908.
